Écrivain prolifique, auteur de plusieurs ouvrages parus aux éditions Arkuiris, Yann Quero partage avec nous sa vision du pantoun. Un entretien à retrouver en intégralité dans le numéro 6 de notre revue.
Pantouns : Comment en êtes-vous venu à écrire des pantouns ? Vous frottiez-vous déjà à la poésie avant cela ?
Yann Quero : En fait, je n’avais jamais écrit de poésie avant 2012. Même pendant l’adolescence, la poésie m’effrayait ou me semblait un peu trop contraignante dans la forme, c’est comme ça que je me suis mis à écrire des nouvelles puis des romans.
En novembre 2012, j’ai écrit une nouvelle (pour l’instant inédite) se déroulant à Fukushima dans laquelle l’élaboration d’un haïku par une petite fille jouait un rôle clé. Comme j’en parlais à Georges Voisset, le grand spécialiste des pantouns, il s’est étonné qu’un amoureux du monde malais comme moi écrive des haïkus et pas des pantouns ! Je lui ai promis que je m’y mettrais, sans savoir si j’en serais vraiment capable… Je suis allé voir dans ma bibliothèque qui comprenait deux de ses livres : son recueil de Pantouns malais, aux éditions de la Différence, en 1993 et son Histoire du genre pantoun, aux éditions de L’Harmattan en 1997. Et ça m’a donné envie, mais j’avais beaucoup de choses en préparation.
Et puis le 31 décembre 2012, je me suis demandé comment bien terminer l’année (il faut rappeler que nous venions d’échapper dix jours auparavant à la fin du monde d’après certaines interprétations du calendrier Maya). Alors je me suis rappelé la promesse à Georges. Je me suis installé devant une fenêtre face à mon jardin et j’ai écrit « Silencieuses forêts », qui a été publié dans le numéro 3 de la revue Pantouns, en janvier 2013.
Ce premier « succès » m’a stimulé. Dans les six mois qui ont suivi, j’ai écrit plus de cent soixante « vrais » pantouns (quatrains simples), dont plusieurs sont parus dans les numéros 4 et 5 de la revue Pantouns, et onze pantouns liés (de 2 à 5 quatrains), dont un : « Lucioles » a été publié par la revue en ligne Le Capital des Mots, animé par le poète Eric Dubois, en mars 2013.
On vous sent inspiré par l’actualité et les rapports entre homme et nature. Quels sont selon vous vos thèmes de prédilection ?
De fait, un des ressorts de mon écriture et l’engagement face aux problèmes politiques, socio-économiques mondiaux ou à l’environnement. C’est pour cela que l’extension des palmiers à huile au détriment des forêts, Fukushima ou bien la répression des Pussy Riot ont pu m’inspirer des pantouns. Cela dit, j’aime bien également faire des clins d’œil à l’histoire et à la culture de la région, d’où des poèmes sur Bali, Penang, la Mahakam, ou les fruits de la région comme le durian, ou le mangoustan, notamment pour des pantouns de déclaration d’amour ou d’amants.
Sur le plan de la composition, comment vous viennent généralement vos pantouns ? Un vers après l’autre ? L’un des deux distiques en premier ? D’un bloc ?
C’est assez variable, mais le plus souvent, cela com mence par un ou deux mots évoquant une image ou une idée forte. Il peut s’agir du terme évocateur de la métaphore ou bien de la clé du deuxième distique. Ensuite, je réfléchis à la correspondance entre les deux distiques, selon que le premier ou second soit venu d’abord. Je m’efforce alors d’agréger un maximum d’éléments permettant de renforcer l’impression ou la liaison. Parfois, un vers va s’imposer de lui-même, voire le pantoun tout entier. Certains ont été écrits d’un jet, en très peu de temps, sans la moindre rature. D’autres ont été accouchés dans la douleur.
Retrouvez la suite de notre entretien avec Yann Quero dans le numéro 6 de Pantouns.