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RÊVES, PANTOUNS ET QUELQUES AUTRES ESCAPADES D’ÉTÉ
Les rêves, en été, ils vivent, ils se vivent avant tout et ne se laissent pas toujours aisément capter ! Il faut de la patience ! Mais nous avons fini par les saisir au vol entre deux doigts : les voici.
NB. N’oubliez pas de les relâcher : ils entretiennent aussi notre avenir. Merci pour eux.
AFP
Qui rompt la nuit dans la prairie ?
C’est la luciole qui se lève.
Ce qui m’ennuie dans l’insomnie ?
C’est la folle fugue du rêve.
Cédric Landri
Le potier façonne un flacon
Pour un doux nectar oublié.
Le poète écrit à façon
Pour coucher les rêves oubliés
Armelle Grellier-de Calan
La pluie va faire sa ronde
Et revenir sans un bruit.
Je vais découper mes songes
Et les coller sur la nuit.
Cédric Landri
L’origami dans ses plis
Cache tout un bestiaire.
La nuit froisse le drap de lit
L’artisan est une chimère.
Valeria Barouch
Diptyque
L’aubépine aux mille fleurs
Forme un nuage vaporeux.
Les idées de la nuit affleurent
D’un espace nébuleux.
Derrière les voiles elles se cachent,
fantômes noirs dans les rues.
Derrière des masques il se cherche,
le réel, cet inconnu.
Yvonne Morand
Sur la mer bleue, chauffée à blanc,
Glisse une forme sombre et volage.
Dans ton cauchemar, un requin blanc
Et dans ton rêve, l’ombre d’un nuage.
Armelle Grellier-de Calan
Triptyque du passé
Sous le doux pinceau du chercheur
La frêle Lucy retrouvée.
Sous le crâne, destin farceur,
Le passé… où est-il passé ?
L’odeur fade des abers,
Sédiments d’un ancien monde.
Mêlés d’algues et de mer
Mes souvenirs vagabondent.
Dans le lointain, elle s’étire
La côte de brume effacée
Au plus loin de mes souvenirs
Vagues images du passé.
Yvonne Morand
Le coquelicot des blés,
crépon rouge sur l’épi vert.
Le baiser de la bouche aimée,
corolle rouge sur la chair.
Yvonne Morand
Dans le clos abandonné
un arc en ciel de capucines.
Dans ton cœur délaissé,
larmes en gouttes cristallines.
Yvonne Morand
Rêveries entre nos pays
Noyaux crachés
Bien loin.
Défi d’ados,
Malais ou Français.
Cerises ont poussé
Au cœur du manguier.
On n’a pas fini
D’en parler.
Petit miracle
Fait petit saint,
Mais grand oracle
Au kampung.
Armelle Grellier-de Calan
La Belle-de-nuit dans l’ombre déclôt
Pour se fermer au lever du soleil.
Par vaux et par monts en souliers gros,
En « Pantoun » de vair jusqu’au réveil.*
*Pantoun = pantoufle en Vieil écossais
Valeria Barouch
Au pied de l’église
Se niche un trésor
Un rêve tamise
Tes sourires d’or.
Cédric Landri
A la source ruisseaux fougueux,
Fleuve indolent dans l’estuaire.
Bien des rêves impétueux
Méandrent jusqu’à l’ossuaire.
Valeria Barouch
La nuit sautille et jette
Ses comètes bruyantes.
Le cauchemar projette
Ses ombres incessantes.
Cédric Landri
Rêve de comètes
Des comètes pleuvent sur la plage,
Marionnettes d’une danse implacable.
Discordance du son et de l’image,
Me laisse une impression insaisissable.
Courir, esquiver, survivre à tout prix,
Mamie est là aussi, et me tient la main.
Tout entier dans cette intensité de vie,
Mais que fait donc Mamie sur ce chemin ?
Acculé à la mer, les embruns me fouettent,
Et soudain me réveillent en nage.
Comètes devenues gouttelettes,
Mamie agite le tuyau d’arrosage.
Romain Tribalat
Post it
Une Devinette oubliée*
Sagesse est peu femme, dit-on,
quand l’homme veut défier son sort.
Construit sa maison dans la maison,
trouve les matériaux dans son corps.*
Réponse : Arachnè / l’araignée
*En italique, la teka teki malaise originale
Jean de Kerno