Illustration : Nathalie Dhénin
Bonjour poètes ! Vous avez été nombreux à répondre à notre premier appel de ce semestre, et nous vous remercions de nous aider à faire pantouner… le monde. Pourquoi ? Peut-être parce qu’il marche sur trois pattes, et que nous lui en donnons quatre ?
Bonne lecture, roulez tandem, Noël approche !
Éléphante, ourse ou lionne,
mères parfaites de la nature sauvage.
Plus d’une mère par amour ambitionne
de garder les siens près de son rivage.
J’observe l’érable
à l’affût de petits du couple
de corneilles noires –
dans notre nid désormais vide
nous cultivons les souvenirs
*
La libellule au vol gracieux
est une tueuse redoutable.
Le jeune au sourire mielleux,
face aux cerfs…fusil implacable.
Deux ombres furtives
dans le jardin automnal
chevrette et son faon
pour les revoir au printemps
qu’un vent détourne les plombs
Valeria Barouch
***
La feuille morte glisse sur l’eau,
emportée par le courant.
Ses souvenirs partent à vau-l’eau,
avalés par le néant.
Loin du réel
sans souci du quotidien
elle se laisse porter
la sénilité l’emmène-t-elle
jusqu’à la sereine Sélène ?
*
Des arbres plantez, plantons,
il n’y en aura jamais trop !
Des armes jetez, jetons,
il y en aura toujours trop !
Mon jardin
mon refuge mon monde
tous les jours j’y suis
grâce à lui j’oublie la folie
et la fureur de ce monde
Michel Betting
***
Perdues les aiguilles
perdu révolu ou mort
le temps assassin
d’un nuage gris s’entend
le cri perçant des corneilles
Réveillée au café noir
à la lumière de la rue.
Merveille d’éclat du soir :
en un clin d’œil tout est tu.
Anne Dealbert
***
À la lune bleue
où vont les feuilles mortes
fenêtres sans tain
au cœur de la cheminée
les mots de feu à oublier
Dans l’âtre les pages noircies s’embrasent
d’un œil le chat veillant sur les cendres .
Même le silence est un langage
souvent l’amour est à réapprendre.
Nathalie Dhénin
***
Fenêtres
La lune du loup
qui m’appelle à la fenêtre
me rend somnambule
et l’ombre sur le parquet
me transforme en funambule
Le paysage à la fenêtre
est si parfait et si paisible.
Ce n’est qu’un mirage peut-être
qui vient cacher d’autres possibles.
Chloé Gallien
***
Courbe lente et claire
tracé lisse incohérent
traînée de lumière
sur la buée de ma fenêtre
sont passés les escargots
Pluie fine et douceur humide,
le jardin goutte et ruisselle.
Sur mon âme la buée
a dessiné une dentelle.
Armelle Grellier-de Calan
***
Le soupirail à contre-jour
afin d’effacer leurs rafales.
Depuis l’ombre de mon amour
la fraîcheur de l’eau sur les dalles.
Les oiseaux en nuée
en tourbillon de silence
dans l’air obscur
sans accalmie vers la mer
me meurtrissent de leur chant.
Bertrand Guillon
***
Un puis deux carrés
d’un chocolat d’exception
savoir déguster
le goût de ses lèvres
écho de Madagascar
Madagascar et ses baobabs géants,
Une fillette essaie d’enlacer un arbre.
Un bout de chocolat croque sous ses dents,
elle sait qu’elle ne le laisse pas de marbre
Olivier-Gabriel Humbert
***
« Mouchoir de fée » par Jean de Kerno
(Cliquer pour agrandir)
Toile d’araignée
consécration des prairies
parées pour le gel
j’avais remisé mes yeux
la masse et la Beauté
Huit yeux au centre de la Fabrique,
huit pattes pour un icosagone.
Pendant les cours de mathématiques
j’écrivais à mes Amazone.
Jean de Kerno
***
Rougie par octobre
sur les bords de la Brévenne
la renouée fière
s’enflamme sur la rivière
verse sa beauté toxique
Comme la renouée
la Beauté est toxique.
Méfions-nous de l’été –
nudités érotiques.
*
Revoici le chrysanthème
quand revient novembre
tache de sang sur la tombe
couleurs de chagrin passées
éclats ambrés de l’automne
À Saint-Rambert rien n’a changé
dans le ventre du cimetière…
Des pierres grises alignées –
de mes parents je reste fière.
*
La pluie attendue
mouille le ciel et la terre
et les sentiments
coulées de larmes fertiles
paupières que sèche le vent
La voile claque enfin
Éole a pardonné.
Adieu mon beau chagrin,
l’Amour est repassé.
*
Le ruisseau chemine
caracole gentiment
fraîcheur cristalline
fugace réminiscence
d’une comptine d’enfant
Galet luisant tapi
au creux du petit ru ;
Éclats de songes enfouis,
souvenance perdue.
Mavoie
***
Larmes de clown
improbable chute
plume de cafard
dans les tyrannies le rire
sanglotent les albatros
En dessous des pavés, le sable ;
les crabes se rêvent en cuirassés.
Dans des bunkers misérables,
l’ombre de tant de vies brisées.
*
Fil du rasoir
danser jusqu’à l’extase
souplesse de l’eau
dans le ballet des corps nus
l’enfant cherche son âme
Les milliers d’étourneaux dans le ciel
tourbillonnent sans jamais se heurter.
Seul, dans la foule aux rêves superficiels,
Un chorégraphe imagine la beauté.
Yann Quero
***
Chacun de tes mots
M’effleure comme une fleur,
Comme un doux plumeau, …
Parle-moi donc plus souvent
Que je me sente vivant.
Posée, enjouée, et fun,
Agréable silhouette …
Tu penses que je suis jeune :
tu as besoin de lunettes !
Janvier Ronin
***
Le vent bruisse dans l’arbre
la rumeur court dans la ville
désabusé il endure
dans son coeur seul demeure
la volupté de cet amour
Jour gris, murmure le vent.
pour l’écouter l’oiseau s’est tu.
Autour de lui des chuchotements,
seul compte cet amour éperdu.
*
La vague fracasse
furieusement le récif,
bien trop excessive
elle tempère son énergie
pour que perdure l’amour
Belles tempêtes successives
érodent hélas les rivages…
Passion amoureuse trop vive
nuit au cours de ses hommages.
Sylvia Rosset
***
Tout juste croquée
gueule de loup fanée
d’un rose orangé surpris
jus de pamplemousse
piquant crépuscule
Comme le rose orangé du jus de pamplemousse
au détour savoureux d’une piquante jeunesse…
Surprise, la délicate gueule de loup
se fane, crépuscule immortel…
Sovimanga
***
Naissance
Un petit ruisseau
S’écoule dans la forêt.
L’onde est lumineuse,
Les abeilles sont joyeuses,
Car Bébé est arrivé.
Tendresse
La tendresse des mamans
est un printemps ensoleillé.
La tendresse des amants
est son fruit revivifié.
Céline Varéa
***