Sélection Epigrammes

Photo : Jean de Kerno
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Cubes d’agneau mis en brochette.
Quelle idée de naître mouton !
– Ils veulent jouer au plus bête :
dans l’indignité ils mourront.

Jean de Kerno

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L’agneau roulé dans la panure
Fait une épigramme croustillante.
Robe moulante, échancrure sans parure,
L’homme modeste s’en contente.

*

Ce que la mer délaisse sur les plages
Fait rarement de vagues aux Objets trouvés.
En ramenant souvent sa fraise avec rage,
Son public lui trouve un air de navet.

*

Que l’hirondelle vole haut ou bas
Importe bien peu à la pâquerette.
Avec son verbe haut et son rire gras,
Ses discours partent souvent en sucette.

*

Les vers de terre sont bien dans leurs peaux,
Quand l’herbe est haute, sans tonte, dit-on.
Son testament stipule « un caveau haut »,
Elle tient au teint frais pour la résurrection.

Valeria Barouch

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Mille et trois

Que n’ai-je fait pour être aimé
et qu’ai-je fait pour ne pas l’être ?
– Tu te plaisais à posséder…
Fin de partie pour les p’tits maîtres.

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Joutes

En fanfare et en passes, on se pique de mots,
en habit de lumière on se la joue sur scène.
Mais l’épée à la main, le cœur face au taureau,
celui qui risque tout, c’est l’homme dans l’arène.

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Duperie

Il a beau dire, il a beau faire,
ses crocs trahissent, il n’est que haine.
Pour attirer le populaire
le loup se masque, manteau de laine.

Georges Bonnemaison

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Désintérêt pour la politique
au bureau, à l’école, à l’usine…
De gastronomie je me pique,
Ma virulence est en cuisine.

*

Qui nous pique et vibrionne ?
Le Gengis Khan des rayons*
vilain frelon asiatique.
Gâche l’été, nous empoisonne ?
Le tigre de nos maisons
n’est rien qu’un vilain moustique.

*Métaphore employée par Philippe Emery dans un article paru dans La Dépêche le 15/02/2009

Armelle de Calan

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La succulente et le poète Olivier-Gabriel Humbert (Ciiquer pour agrandir)

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Épigramme d’agneau avec petits pois ?
Il se sent de plus en plus végétarien…
Épigrammes comme thème mais pourquoi ?
Pour le plaisir d’être un instant plus wildien !

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Sur le rivage elles se sont déchaussées,
Pieds nus dans l’eau salée elles jouent les touristes.
Les mots sont les vêtements de la pensée :
Il doit y avoir de plus en plus de nudistes.

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Un rossignol chante sur le pont-levis :
Un vieux chat, pour le plaisir, viendra le vaincre.
Il dit que la mort fait partie de la vie
Et plus il vieillit, plus il veut s’en convaincre !

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Les hirondelles sont plus de vingt
En file sur un fil en début de journée.
Une autre isolée est très maigre.
Les amitiés sont comme les vins :
Certaines s’améliorent avec les années,
Lorsque d’autres deviennent aigres.

*

Le vétérinaire pose son bistouri :
Il vient d’opérer votre chien, puis le nôtre.
Le monde est coupé en deux catégories :
Ceux qui font des catégories et les autres.

Olivier-Gabriel Humbert

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Une mouche bleue s’est noyée –
l’ignorante ! dans du café :
Stupides mouches de l’été.
C’est aux tyrans de décider,
c’est aux peuples de se courber ?
Plus simple, hélas, de se courber…

Jean de Kerno

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Pantouns épigrammes signes avant-coureurs de colère, suite

La lune et les nuages
se disputent le ciel.
Les sentiments sur son visage
sont pires qu’une querelle.

En paix, le chemin bleuté sous la nuit
est parcouru par le fauve et la proie…
Voyez le mari qui s’enfuit,
quand l’épouse élève la voix !

Les vagues s’élèvent, amoureuses de la lune,
et les oiseaux ont fait le choix du ciel.
Pour ma conjugale infortune
tu as fait le choix des décibels…

Jean-Valéry Martineau

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Aimante, elle a mis fort longtemps
à effeuiller la fleur de nos fervents élans.
Infâme, elle a mis moins de temps
à salir ma mémoire près d’un nouvel amant.

Philippe Minot

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Pique et repique et colégram,
Évacuons le bienséant.
pour créer des épigrammes,
Il faut un humour bien grinçant.

Yann Quero

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Barbecue entre collègues, belle l’occasion,
Piques chargées, d’empaler les absents.
Vernissage, feints sourires affichés, effusions,
Langues fourchues et fourbes compliments.

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Quand la faim tenaille les entrailles
Même pain rassis fait ventre.
Comblée par d’inespérées fiançailles,
A l’élu miteux offre son antre.

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Glandes salivaires exacerbées,
Il attaque, crocs en avant, sa cuisse de poulet.
Emoustillée par ces muscles exhibés,
Déjà dénoue les lacets de son corselet.

Sylvia Rosset

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Dans un jardin, les fleurs éclatent,
Les parfums dans l’air se mêlent.
Sur la table, les mets éclatent,
Les saveurs dans l’âme s’emmêlent.

Sous les étoiles, le festin commence,
Les rires et les verres s’élèvent.
Dans nos cœurs, une douce romance,
La gastronomie nous soulève.

Aurélie Vellinger