Illustration :
« dé/composition contemporaine » par Abdelkader BENAMER
Palmarès du Concours International du Pantoun Francophone
Pantun Sayang 2021 « L’Environnement »
Que septembre, mois des vendanges, vous soit propice ! Voici la nôtre, en avant première sur le Blog, une fois n’est pas coutume. D’aucuns la trouveront à l’image des récoltes 2021 : chiche. Les temps n’y sont certainement pas pour rien… Vous découvrirez prochainement, dans le numéro d’automne de la Revue une sélection plus ample de contributions sélectionnées, dont les premières ci-dessous.
Effet peut-être, donc, de la difficulté actuelle à « poétiser », nous avons reçu deux types de contributions très contrastées, dont ce Palmarès est le reflet. D’une part, peu de productions répondant à la fois à l’exigence du genre, le « vrai pantoun malais », et à celle du thème – qui n’était pas la Nature ou la botanique… Nous n’avons donc décerné qu’un Prix 2021, revenant à Olivier-Gabriel Humbert avec « Calligrammes d’un avenir incertain », pour l’originalité du travail d’ensemble sur les potentialités d’extension du genre pantoun authentique et l’art calligraphique. D’autre part, malheureusement, nous constatons recevoir un nombre toujours plus important de poèmes divers, ou au mieux de pantouMs à la française, de la part de poètes ayant reçu notre appel via diverses plateformes de poésie, mais n’ayant pas, apparemment, ouvert notre site pour cerner « de première main » ce que nous faisons et nos attentes. Ni même, souvent, avoir pris en compte vraiment le thème proposé. Si nous acceptons divers genres brefs, voire libres, et quelques pantouMs dans notre revue, en revanche le Concours est évidemment réservé à ce qui fait notre spécificité, le genre et ses nombreuses potentialités authentiques.
Nous espérons qu’à l’avenir tous ceux que la poésie mobilise auront la curiosité puis le plaisir de « pantouner » avec nous, c’est-à-dire celui de la découverte. A cet effet nous avons décerné un Prix Découverte à Frédérique Duriez, pour sa suite de pantouns « Hypnos et Thanatos », tout en nous félicitant que de plus en plus de plates formes répercutent, même tronqués, nos appels, en Francophonie.
Prix Pantun Sayang 2021
Olivier-Gabriel Humbert
Calligrammes d’un avenir incertain
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L’arbre mort et l’île, suite de six pantouns
Cela a commencé par les pluies acides,
Puis des forêts entières ont disparu.
Les dégradations des plages sont rapides ;
Trop d’habitants, la pollution est accrue.
La chaleur est devenue un ennemi :
De nouveaux insectes ont rongé le bois.
L’eau première compagne n’est plus l’amie :
Il y a bien trop de sel dans l’eau qu’il boit.
L’écosystème transformé en chaos,
La survie est devenue triste et ardue…
Elle sera pour tous la montée des eaux,
Mais là elle est redoutée et attendue.
Le dérèglement du climat a vidé
La fondamentale nappe phréatique.
Les autres gouvernements vont-ils aider,
Délaissant leurs intérêts économiques ?
L’arbre n’a pu que subir l’humanité :
Il a bravement combattu et perdu…
Sur son île, il n’y a plus d’éternité :
L’exil obligatoire est déjà prévu !
Les humains veulent les planter par millions :
Est-ce vraiment la solution idéale ?
D’autres vivront la même expatriation :
Adieu racines et branches familiales !
Les insectes et les agricultrices bio, suite de quatre pantouns sizains
Les insectes recyclent ou décomposent
La matière organique et aident les plantes,
Sont des mailles de la chaîne alimentaire.
Aucun pesticide chimique qui cause
Un appauvrissement des sols et augmente
La pollution des étangs et des rivières.
Comme pour la plupart des espèces, même
S’ils sont un milliard de milliards, mosaïque
D’hexapodes, viennent des moments cruciaux…
Désirant préserver les écosystèmes,
Les espèces terrestres ou aquatiques
Elles ont choisi l’agriculture bio.
Où sont les abeilles et les papillons ?
Un moro-sphinx, une unique coccinelle…
Seules les fourmis se sont montrées en nombre…
Ce n’est qu’un petit bout de la solution,
Mais plus qu’une orientation professionnelle.
L’amour des aubergines, melons, concombres…
Urbanisation, pollution lumineuse,
Engrais, herbicides, habitats détruits :
Il faut bloquer le déclin des arthropodes !
Elles finissent par les légumineuses :
Rotation des cultures : légumes fruits,
Feuilles puis racines : telle est leur méthode.
Des larmes, du feu et un glaçon, suite de six pantouns liés
Terre est maintenant plus triste et irritable :
Trop de gaz à effet de serre qui l’enivrent.
Deux régions sont devenues inhabitables :
Je ne peux plus me concentrer sur mon livre.
Trop de gaz à effet de serre qui l’enivrent,
La fonte des glaciers est un mauvais scénario !
Je ne peux plus me concentrer sur mon livre,
Je pile des glaçons pour mon Charteusito…
La fonte des glaciers est un mauvais scénario :
L’écoulement des larmes de la Nature.
Je pile des glaçons pour mon Charteusito,
Effrayé pour les générations futures.
L’écoulement des larmes de la Nature :
Elle crée des territoires inondés.
Effrayé pour les générations futures :
Nous laisserons un monde bien dégradé !
Elle crée des territoires inondés ;
Mais sa colère, elle, est feu de destruction.
Nous laisserons un monde bien dégradé,
Déjà soumis aux diverses pollutions.
Mais sa colère, elle, est feu de destruction,
Canicules et incendies se succèdent…
Déjà soumis aux diverses pollutions :
Vingt pour cent des homo sapiens en décèdent…
Les amphibiens et les mangeurs de plastiques, suite de trois pantouns en diminution
Toujours moins d’amphibiens sous tous les tropiques,
Ils ont pioché plusieurs cartes pernicieuses :
Perturbateurs endocriniens, pesticides,
Destruction de l’habitat ou pollutions.
Et un champignon létal les infectant.
Les anoures semblent en situation critique…
Les humains mangent toujours plus de plastiques.
Ces polymères aux flaveurs délicieuses.
Ils avalent cette matière morbide,
En boivent dans les bières, en infusions.
Ils en font de tristes continents flottants,
En tapissent le plancher océanique…
Toujours moins d’amphibiens sous tous les tropiques
Ils ont pioché plusieurs cartes pernicieuses :
Perturbateurs endocriniens, pesticides,
Destruction de l’habitat ou pollutions.
Les humains mangent toujours plus de plastiques.
Ces polymères aux flaveurs délicieuses.
Ils avalent cette matière morbide,
En boivent dans les bières, en infusions…
Toujours moins d’amphibiens sous tous les tropiques :
Ils ont pioché plusieurs cartes pernicieuses.
Les humains mangent toujours plus de plastiques,
Ces polymères aux flaveurs délicieuses.
Une surprise et un regard, suite de trois pantouns huitains échangés avec moi-même
(second huitain écrit en 2020)
Les écosystèmes pollués ou détruits,
Tant d’espèces sont menacées d’extinction,
Mais un seul animal en est responsable :
Un grand singe a oublié d’où il vient…
J’ignorais que je te cherchais jour et nuit,
Dans cet univers en surpopulation.
Un unique regard bleu et ineffable,
Et j’ai su que ton chemin serait le mien.
Parfois un magique évènement fortuit
Une surprenante réapparition
Vient éclairer la situation déplorable :
Une espèce jugée éteinte revient.
J’ignorais que je te cherchais jour et nuit,
Dans cet univers en surpopulation.
Un unique regard bleu et ineffable,
Et j’ai su que ton chemin serait le mien.
Parfois un magique évènement fortuit,
Une surprenante réapparition,
Vient éclairer la situation déplorable :
Une espèce jugée éteinte revient.
Toujours toi, la sans pareille, me séduis
Et me rassures face à cette extinction :
Ne sommes-nous pas tous de réels coupables
Lorsque nous faisons semblant que tout va bien ?
*
Prix Découverte
Frédérique Duriez
Hypnos et Thanatos, suite de pantouns
Les asphodèles en grands linceuls
ont blanchi la prairie
Quand tu m’as laissée seule
dans la terre me suis enfouie
Mais l’asphodèle dans la prairie
s’efface quand refleurit le thym
Mon âme presqu’ensevelie
renaît dès que ton sourire vient
De cérémonieuses asphodèles
alternent avec le thym commun
Tes pleurs et tes sourires, du ciel
et du néant sont le parfum
À chaque saison au jardin
se succèdent les fleurs
À ton visage chaque matin
s’accorde le rythme de mon cœur
*
Pantouns quatrains sélectionnés par le Jury
Mavoie
Aucun parasol clair
Pour égayer la plage
Nature est en colère
Et moi je suis en rage
***
Axel Zeumeur
Mer de Glace
Mer de Glace au versant nord du Mont Blanc
S’enfonce doucement au fil des ans
Cône de glace sous le soleil ardent
Croque-le vite il est encore temps !
***
Amélie Sapin
Amour
Rien n’arrête volcan, ouragan,
Océan ou étoile filante,
L’amour dans nos cœurs est puissant
Rendant chaque seconde enivrante.
« dé/composition contemporaine » par Abdelkader BENAMER