Suite à notre dernier appel à textes, c’est avec plaisir que nous vous dévoilons notre sélection sur le thème de l’hiver :
Pantouns, haikus et tankas
Un hémisphère favorise le ski nordique,
l’autre se love à la plage.
Un cerveau se grise dans l’analytique,
l’autre innove sans bagage.
Joël Hardy
Le soleil illumine le sentier de glace
entre l’Île et l’autre rive.
J’aimerais y réserver une place
pour ma dernière dérive.
Micheline Aubé
La première neige n’est pas coriace,
l’hiver ne commence qu’en janvier.
Coeur de glace, Noël le casse,
l’Epiphanie le revoit entier.
Valeria Barouch
Pantoun
Dans la brume étoilée,
Des rennes déambulent.
Dans nos nuits passionnées,
Des rêves funambules.
Haïkus
Quand l’hiver bondit
quelques sapins se rapprochent
tant de solitudes
Les nouveaux flocons
viennent rimer sur les toits
semer des poèmes
Tanka
Sous la pleine lune
un traîneau veut décrocher
les astres flâneurs
entre les airs et les ombres
je te cherche chaque hiver
Cédric Landri
Le camélia se pare de rose,
à la Noël, il est fleuri.
Ton amoureuse se pare de roses :
même en hiver, l’amour fleurit.
Armelle de Calan
Sous son bonnet phrygien
Marianne a la jaunisse.
L’hiver est bactérien
Prenez de la mélisse.
Jean de Kerno
L’hiver au gilet gris
capelé de brouillard
l’affliction de Paris
froideur des boulevards
Gérard ‘ »Artal » Hartalrich
l’oiseau des haïkus
a glissé sur le miroir
d’une œuvre glacée
l’oiseau des haïkus
a pris froid dans un état
d’âme poétique
en singeant le cygne
un héron claque du bec
les pieds dans la glace
Francis Carpentier
Autres formes brèves
Autour de toi
Le froid scintille
comme du cristal.
Prends garde
à ne pas écorcher
La peau de ta nuit
Sur des bris d’hiver.
*
Si tu croises le fossoyeur de l’hiver
Demande-lui où il a enterré nos rêves.
*
Quand vient l’hiver
la pluie déprime.
Il arrive même qu’elle se pende
Aux branches d’un flocon.
*
Après avoir sculpté l’hiver
Il reste toujours quelques copeaux de neige
dans l’écume du silence.
*
La nature s’approprie les lueurs du printemps
Le ciel ouvre ses yeux de coton
En sourdine, le jour a fait tomber
les derniers remparts de l’ombre
L’hiver n’était-il que l’écrin du désir ?
*
Au fond d’une armoire humide
Le printemps retrouve la robe de couleurs
que l’hiver avait dérobé.
Thierry Gautier