Sélection de sijo

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Échos
Recueil de Genres Brefs
par les contributeurs de Pantun Sayang
2026

Suite à ce projet précédemment annoncé, voici la première moisson de notre premier genre retenu, le sijo coréen.
Prochain genre et prochain appel : voir  sur ce même site.

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L’hiver est sévère, les fenêtres sont toutes fermées
Le feu de cheminée est allumé, les fauteuils alignés
Ronronnements en rafales, c’est le chat qui se régale

*

Le sapin, majestueux, brille près de la cheminée
Les enfants trépignent, le réveillon est enfin arrivé
Le chat bondit, renverse tout, et les rires explosent

Chris Falcoz

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 Bonhomme de neige fond, il a perdu ses yeux de pierre.
L’averse devient forte, accélérant sa proche fin.
Aveugles, les enfants s’amusent. Qui regarde le jardin ?

*

Il neige sur la gare, les wagons sont endormis :
Couettes sans leur housse, rendant la nuit au silence.
Une envie, avant les cadeaux : soir de Noël, seul, je marche…

*

Réveillon chez les parents, la tablée s’est agrandie.
Mariage puis naissance, le sapin est revenu.
Souvenirs de nos disparus : papa montre des photos.

*

Un cadeau pour les oiseaux : boules de graisse aux insectes.
Les moineaux et mésanges ont fait don de leur présence.
Les enfants n’ont pas pu venir. Elle est seule le 25.

*

La chienne semble heureuse, lorsque arrive le petit-fils.
Déchirant les emballages, l’enfant est un peu déçu.
Des flocons et il est heureux : précieux devient le bonnet !

*

Des feuilles en pluie rousse, les cerisiers se déshabillent.
Derrière la fenêtre, un lit soyeux s’est façonné.
J’ai envie de m’y allonger. Tu t’éclipses, tu as froid…

*

 Il saute sur ses genoux, sans demander le moindre avis.
Et exige une attention le détournant de ses poèmes :
C’est le chat, le ronronneur fou, qui de câlin, devient tigre !

*

Les nuages t’ont escortée, je suis resté à espérer.
Tu es loin, en Provence, tes tendres chants ont disparu.
Mais la nuit, tu es avec moi : tu fredonnes dans mes rêves.

*

Patiemment au bord du lac, le vieux pêcheur regarde l’eau.
Sans appât, sans hameçon, son bouchon vert flotte sans but.
Près de lui viennent les passants. Quelques questions, il sourit.

*

Il gèle sur le pommier, cet arbre mort depuis longtemps…
Ses bourgeons de cristaux blancs sont ces derniers avant la coupe.
La nuit vient, je vais le saluer : une photo sous la lune…

*

Revenir sur le chemin que j’empruntais étant enfant.
Ressentir quelque chose, une impression presque oubliée :
La douceur d’anciennes magies que je ne peux définir…

Olivier-Gabriel Humbert

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                                     Tosca

Sijo que  dans  cette geôle du roi Li je relis
comment pourraisje oublier la brûlure  d’un dernier baiser
est-ce donc au vent que le poète confie l’immortalité ?

Jean de Kerno     

*** 

Les rossignols sifflotent, et les fruits prennent du ventre,
un soleil neuf s’impose, ses rayons enflamment les cœurs ;
la belle saison est-elle un rêve ? Sous un plaid en laine, on s’endort.

*

Les fleurs rosissent le cerisier, le printemps lui va si bien,
des pies dansent dans ses branches, le feuillage oscille doucement,
et comme en écho à ces tangos, quand vient la nuit on file… en discothèque.

*

Ouuuh, des enfants jouent au loup, deux papillons apeurés s’éloignent,
un bambin court après le tandem, sa maman le gronde un peu ;
allongeons-nous dans ce parc, l’herbe est si douce, aujourd’hui.

*

Un renard cherche la rivière, des pierres éraflent ses pattes,
même les plantes courbent l’échine, le soleil dicte sa loi,
l’été picote prairies et têtes ; on attend la douceur des nuages.

Cédric Landri

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Juste une caresse en mon sourire, délaisse ma peur
De t’aimer enfin, comme jamais on ne saurait vivre
La douceur d’une femme aimant du coeur, et de toute son âme

Sabrina Léger

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Le cheval

J’ai vu un cheval blessé chercher son maître. Il hennit…
L’autre, allongé, crie sur le champ de bataille souillé
Le cavalier cache ses plaies derrière une brassée de fleurs rouges.

Jean-Valéry Martineau

*** 

J’attraperai le mélancolique manteau du ciel automnal,
Accrocherai au jour une guirlande d’étoiles,
Pour voir ton tendre sourire éclore en fleur du renouveau.

Valériane San Felice

 

 

 

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