Pantoun : un "sonnet en proverbe"

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  • #1315
    Anonyme
    Inactif

    Bonjour,
    Si vous avez ouvert cette fenêtre, c’est que vous êtes intéressé(e) par les genres brefs, peut-être pas le pantoun, mais le haiku ? Le tanka ? Ou bien (mettons de côté la question du « bref ») que vous vous intéressez aux genres dits « fixes » – le pantouM, peut-être ?

    Peu importe. Ici nous ne pantounerons pas. Nous échangerons sur nos genres préférés, leurs spécificités, leurs vertus. Leurs limites aussi, forcément, puisque sinon, il n’existerait qu’un seul genre bref et fixe au monde, depuis que l’homme poétise…

    Le pantoun, vous explique-t-on, c’est un quatrain. – Oui. (Et non !) Un quatrain rimé abab. – Oui (Et non !) Un quatrain rimé abab divisé en deux parties autonomes du point de vue de la syntaxe, mais liés par une analogie commune. Oui. Mille fois oui. Sans cela, pas de pantoun. Un seloka peut-être (terme emprunté à l’Inde, et à son fameux sloka) ? (à suivre >).
    ….
    Et maintenant, notre sonnet national. Qu’est-ce qu’un sonnet ? Un ensemble fermé formé de 14 vers ? –Oui. Divisés en quatre strophes, comme en France ? Oui. (Et non !) Sans aucune strophe, d’un seul bloc, comme en Angleterre ? Oui. (Et non !) Divisé en deux moitiés, comme en Italie ? Oui. peut-être bien cela, finalement, originellement… Un poème court, fait pour être chanté et / ou musiqué (« sonné » et divisé en deux partie. Ce sont les Italiens qui l’ont fait sonner, après tout, et ils procèdent ainsi, deux – en deux moitiés de 8, puis 6 vers. Deux moitiés, comme le pantoun… (à suivre >).

    Alors, vous étonnez-vous toujours que si Hugo a commis en 1829 cette extraordinaire négligence d’appeler notre petit pantoun un pantouM, celui qui l’avait remis aux mains des Romantiques lui-même, William Marsden, l’appelait en 1812, dans sa célèbre grammaire malaise « Proverbial sonnet » (Sonnet en proverbe) ? Mais oui. C’est avec ces termes que le pantoun fit donc son entrée fracassante dans l’Europe et la Pantounie napoléonienne. Ce n’était pas une négligence à la Hugo, cela. C’était une vraie réflexion sur les entrailles mêmes de notre cher petit pantoun. Ses tréfonds. Ceux que vous devez faire remuer (à suivre >).
    A vous lire !

    Georges Voisset

    #1331
    Jean-Claude Trutt
    Modérateur

    Oui, mais est-ce que le sonnet fait encore partie des poèmes courts? Ou du moins de ces formes minimalistes qui sont le haiku, le tanka et le pantoun? C’est Hadji Salleh qui parle d’art minimal dans un article sur l’Esthétique du pantoun. Le haiku est bien sûr le plus court des trois, il s’en distingue nettement, il est une image fugace, une impression dans la « Voie de l’air et de l’eau qui court ». Si le tanka et le pantoun sont tous les deux partagés en deux (pour le tanka on parle d’un pivot placé quelque part du côté du 3ème vers), il n’y a pas dans le cas du tanka une distinction aussi nette entre ses deux parties que dans le pantoun. Là le premier distique qui crée le cadre, évoque, peint une image de nature le plus souvent, est encore plus condensé, est allusion, Hadji Salleh parle de la nécessité, qui devient art, de « réduire l’image ». Et d’ailleurs, si le pantoun convient aux Malais c’est bien parce qu’il correspond bien à leur caractère, à leur pudeur.

    C’est tout le charme de ces trois formes de poèmes courts, ce qui fait la fascination qu’ils exercent sur les poètes et les non-poètes.

    Ce n’est pas le cas, me semble-t-il, de nos anciens sonnets…

    JC Trutt

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