Ami.e.s du pantoun francophone, voici notre sélection sur le thème de l’évasion.
Un grand merci à toutes et tous pour vos contributions.
Sur 32 textes reçus, notre comité en a sélectionné 17. Nous avons décidé de ne publier ici que les pantouns, les autres formes sélectionnées paraîtront dans notre futur numéro 26.
Et pour commencer, notre comité décerne la Palme d’Or du Pantoun des Confinés à ce pantoun de Marie Derley qui a obtenu l’ensemble des votes des 6 votants de notre comité :
Dans la fenêtre, rien ne bouge
que les oiseaux qui font leur nid.
Je vernis mes orteils en rouge
bien qu’ils soient privés de sortie.
Marie Derley
Et voici les autres pantouns de notre sélection :
Les lutins s’activent dans la nuit
Pour travailler ou jouer des tours.
Je bâtis des mondes à minuit,
Prisons pour papillons noirs du jour.
Valeria Barouch
La métamorphose d’une robe noire
Commence par le port d’un bibi vermeil.
Dans l’infortune avoir foi en la victoire
Pour que l’esprit en phénix se réveille.
Valeria Barouch
Désert, le paysage
sans dames ni messieurs
Insoumis, les nuages –
je m’envole avec eux
Marie Derley
Un grand chœur plumeux de chanteurs aviaires
Babille et gazouille un hardi scherzo
L’enfant au piano file dans les airs
Pour s’accorder aux mélodies d’oiseaux
Olivier-Gabriel Humbert
Pollen des cônes mâles qui prend l’air
Le nuage jaune emporté par le vent
Ensorcelé par un halo solaire
Le badiste a oublié le volant
Olivier-Gabriel Humbert
Duo de la Rencontre de Chevalier Errant et de Rime Orpheline
Dans la sylve sylvant
un chevalier chemine.
Son ipad rossinant
ses yeux se déconfinent.
Quand le pantoun vire au logique
chasser le mal n’est pas malin.
Je sauve les Analogiques
mais fuis les amours cartésiens.
Un chevalier chemine
son armure est son froc.
Mes yeux se déconfinent
à sa rime équivoque.
Qu’on soit à Guémené à Vire
au Logue (château québécois)…
Ces pauvres amours martyrs
pour qui 1+2 = 3.
Son armure est son froc
son heaume est fait maison.
A sa rime équivoque
Me parcourt un frisson.
Vir* au logis (*c’est du latin)
avec Hestia à la vaisselle…
Enlevant les Beautés au loin,
j’ajoute mon « il » à leurs ailes…
Son heaume est fait maison
sa visière de cristal.
Me parcourt un frisson
et moi pauvre Orpheline…
Pénate Lare ou bien Vestale –
on rêve de se mettre au vert.
Cette Orpheline ira au bal
et Virus au diable Vauvert !
Jean de Kerno
Bâtit son nid la tourterelle,
Dans les rameaux du beau poirier.
Tu n’es jamais vraiment rebelle,
Tu t’évades… jusqu’au muret.
Cédric Landri
Piégé par la prison de ton regard
dans un monde immense sans nulle porte.
Conquérir ton amour ? Il est trop tard.
Mon âme ne s’évadera que morte.
Yann Quero
Juste un coup de vent
Le pollen s’envole.
J’ouvre les yeux, tu es absent.
Je ferme les yeux, le rêve me console.
Sylvia Rosset
Pot fêlé,
Une goutte se répand sur la nappe.
Mon corps est là, confiné.
Mon esprit, lui, s’échappe.
Sylvia Rosset
Une photo dans deux mains tremblantes,
Un regard perdu au lointain.
Plus d’agitation sous la charpente,
Les hirondelles sont parties ce matin.
Sylvia Rosset
Après un voyage au long cours
Les hirondelles rentrent au nid
Il n’est de voyage retour
Qu’à condition d’être parti
Véronique Viala
Un orage furieux à la force d’Hercule
A abattu le chêne, terrassé, gémissant
Par un hasard curieux, un rien, un minuscule
Un virus évadé, fait trembler les puissants
Véronique Viala
Pantoun des moissonneurs
Une hirondelle a heurté la terre,
La terre au milieu de notre cours ;
Ombres de toutes sortes, spectres,
Ne venez pas vous mêler de nous !
Layang-layang jatuh bertimpa
Timpa di laman kami ;
Bayang-bayang dengan rengkasa
Jangan bercampur dengan kami !
Georges Voisset
Le Livre des Charmes. Incantations malaises du temps passé, Paris, La Différence (Coll. Orphée n° 219), 1997